- niquer
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• 1890; d'un mot ar.♦ Arg. Posséder sexuellement. ⇒ 1. baiser. « j'avais commencé à inviter les filles au restaurant dans l'espoir de les niquer » (Ph. Jaenada). Nique ta mère ! insulte employée chez les jeunes des banlieues, à l'adresse d'un garçon. Absolt « on a niqué, poussés par un désir incontrôlable » (San-Antonio). — Fig. On a été niqué, possédé.⇒NIQUER, verbe trans.Arg. et pop.A.— Posséder (quelqu'un) charnellement. Synon. pop. baiser (v. baiser1 I B 2). Les nanas, en Bochie, ça a dû te manquer. C'est fini, la paluche. Tu vas pouvoir niquer (R. FORLANI, Guerre et paix au café Sneffle, acte 4, p. 33 ds L'Avant-Scène, 15 juin 1969, n° 428).1. Attraper quelqu'un (ou quelque chose). Synon. arg. choper. Deux nègres américains en train de boire une bouteille de champagne dans la rue ont été vus par un gendarme; tu parles qu'il les a niqués (ESN. Poilu 1919, p. 370). Se faire niquer. L'Engageante vient de se faire niquer par un sous-marin (ESN. Poilu 1919, p. 370).2. Surprendre, prendre, duper. Se faire niquer. On t'a niqué, fils! Kahil t'avait prévenu, c'est moi qui t'ai niqué! Retiens mon nom : Jésus Azoul. En faisant ton rapport à ton maître au Caire, précise bien : « Je me suis fait niquer par un juif » (P. BONNECARRÈRE, La Guerre cruelle, Paris, Fayard, 1972, p. 188).— Loc. Niquer la gueule (à qqn). Tromper quelqu'un. Niquer le burnous. Surprendre. L'air de rien, mais le temps passe, nous presse, nous talonne, nous nique le burnous, nous décatit, nous marque la tronche (A. BOUDARD, Les Matadors, 1966, p. 19 ds CELLARD-REY 1980).Prononc. :[nike], (il) nique [nik]. Étymol. et Hist. 1. 1890 arg. milit. « posséder charnellement » (à Alger, d'apr. ESN.); 2. 1918 id. « attraper, punir » (d'apr. ESN. Poilu, p. 370). Mot sabir d'Afrique du Nord, tire de l'ar.
: i-nik, 3e pers. de l'ind. prés. « il fait l'amour », LANLY, p. 101. Bbg. BARB. Misc. 29 1944-52, pp. 434-435. — QUEM. DDL t. 21.
niquer [nike] v. tr.ÉTYM. 1890; mot arabe (yinnik, forme verbale à la 3e pers. du sing. de l'indic.) passé en sabir.➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖♦ Familier1 Argot fam., vulg. (Fréquent dans le franç. d'Afrique du Nord). Posséder charnellement. ⇒ Baiser.1 — Ben oui, expliqua Igor, il est célibataire, il se fait une pute de temps en temps. Il a au moins quelque chose de normal, ce mec (…)— Non, non, il nique pas une pute de temps en temps, insista Nourdine, il les connaît toutes !D. Pennac, Messieurs les enfants, p. 148-149.♦ Intransitif :2 C'est (la maison de tolérance) l'antre solennel, or et pourpre, où vont se soulager les coloniaux, les gars de la Marine marchande et de la fluviale, les dockers. Où les matelots viendraient « baiser » ou « niquer », les dockers et les autres disent : « On s'apporte pour tirer notre chique. »Jean Genet, Querelle de Brest, p. 187.♦ ☑ (Calque de l'arabe, sans doute avec infl. de l'angl. des États-Unis mother fucker). Nique ta mère ! (insulte).3 Parfois, dans le jardinet, atterrissait un ballon de foot et j'essayais maladroitement de le renvoyer aux envoyeurs, mais j'étais pas assez costaud, et les grillages trop hauts, d'où le bouquet d'insultes, eh pédé, eh lopette, que m'envoyaient les gars d'en face. À cette époque-là on niquait pas encore la mère mais y avait déjà du basané et du crépu dans l'air.Bertrand Blier, Existe en blanc, p. 65.4 Niqués ! Elle nous a niqués, la chère petite Dora. Niqués ! Mais alors, dans les grandes largeurs !Remo Forlani, Tous les chats ne sont pas en peluche, p. 129.REM. Dans certains emplois fig., l'influence de faire la nique est probable, notamment quand le verbe équivaut à emmerder.5 Mariette, qui se tenait sur le pas de sa porte, lui faisait des grimaces dans le dos. Elle mima un geste familier aux soldats qui, lors même qu'elle n'en sût rien, signifiait qu'elle niquait le capitaine de La Hure.Jacques Laurent, les Bêtises, p. 45.3 Abîmer, casser, détruire. ⇒ Bousiller. || Il a niqué mon vélo. — P. p. adj. || Mes lunettes sont complètement niquées depuis que tu t'es assis dessus !6 (…) j'étais resté assis trop longtemps dans ce bureau, je m'étais bel et bien niqué les reins à me pencher au-dessus de ces maudits manuscrits.Ph. Djian, Échine, p. 356.
Encyclopédie Universelle. 2012.